Notre entrée au Mexique se fait par la Mesia au Chiapas. Le personnel est honnête et les démarches officielles
On ne se fera pas avoir comme la première fois !!
Durant l’attente, on rencontre David, un jeune français originaire d’Annecy. David voyage seul en moto depuis bientôt un an. Il a commencé par la Patagonie et aimerait aller jusqu’en Alaska. Peut être qu’on se recroisera sur la route qui sait ?…
On a tellement entendu parler de San Cristobal de las Casas, il faut qu’on aille voir, let’s go !!
San Cristobal, perchée à 2140 mètres d’altitude est « encore » une ville coloniale. Elle a été fondée en 1528 ce qui fait d’elle la plus vieille ville espagnole du Chiapas (respect ! 😉 ). Ses ruelles étroites quadrillent la ville à angles droits et ses maisons sont basses, toujours très colorées.
On retrouve ici beaucoup de touristes étrangers mais aussi mexicains. La ville a du charme et attire du monde. Il y a énormément de marchands ambulants dans le centre qui proposent des créations artisanales toutes plus jolies les unes que les autres.
Sa majestueuse cathédrale est malheureusement en réparation, nous ne pourrons pas la visiter et nous contenterons de l’admirer de l’extérieur.
Il y a de l’animation à différents endroits dans la ville. C’est la « Feria de la Primavera y de la Paz », une semaine festive succédant à la semaine sainte. Ils ont vraiment le sens de la fête ces mexicains, ils trouvent toujours une bonne raison !
Ses différents marchés chaleureux illuminés par de multiples couleurs nous éblouissent et nous comblent. Il y règne une ambiance décontractée et sereine. Beaucoup d’étales proposent des bijoux confectionnés avec de l’ambre entre autre, une pierre du coin. Ces marchés sont un vrai paradis pour les fans d’artisanat ! Entre les bijoux,les vêtements, les étoles, les poupées et j’en passe, il y en a vraiment pour tous les goûts; chacun peut trouver son bonheur… Un vrai régal!
On fait connaissance avec Augusto, un artiste/créateur de bijoux. Il vit dans une caravane de location lui servant également d’atelier. Augusto est un solitaire et loin d’être sédentaire. Il a tout plaqué en Argentine pour partir sur les routes, sur les chemins de la vie à la conquête de son bien être et de son épanouissement personnel. Il crée des bijoux en tout genre avec des pierres et du macramé. Il fabrique durant plusieurs semaines d’affilées puis il vend ensuite ses créations dans une ruelle de la ville pendant des mois; il rejoint plus tard la côte caraïbes mexicaine pour faire la même chose.
On est tombé amoureux de toutes ses créations. Augusto a de l’or dans les doigts, c’est un génie de l’originalité et de la finesse. Pour nous, ce sont les plus beaux bijoux vus jusque là, on a craqué d’ailleurs, on s’est bien fait plaisir !
On recroise par hasard dans les rues de San Cristobal de la Casas, David rencontré à la frontière. On passe la soirée ensemble à partager nos voyages, nos aventures, on fait plus ample connaissance. C’est fou comme sur les chemins de la découverte, on est amené à rencontrer d’autres voyageurs et à les recroiser plus loin. Dans ces moments-là, on est toujours contents de se revoir même si on ne se connait pas forcément; le fait de vivre la même expérience nous rapproche un peu!
On profite de notre halte pour aller dans un garage faire démonter nos suspensions pneumatiques qui se sont tordues; Et dire, que leur achat et leur installation nous ont coûté pas mal d’argent avant de partir pour être obligés de les enlever seulement après quelques milliers de kilomètres parce qu’ils n’ont pas bien été montés… 🙁 autant vous dire que ça nous fout les b… BIP!! Mais c’est comme ça, et finalement les filles trouvent qu’elle sentent moins les « topes » (dos d’âne) maintenant!
Avant notre départ de San Cristobal, Augusto offre un sachet rempli de fils et de perles/pierres aux filles pour qu’elles s’amusent à créer. C’est à nouveau une belle rencontre, une nouvelle page qui se tourne dont on gardera une trace dans notre mémoire.
San Juan de Chamula est un villlage tzotzile situé à 10 km de San Cristobal de las Casas, un peu plus haut encore dans la montagne.
Il faut savoir qu’ici, la police n’a aucun pouvoir, les habitants ont leurs propres règles, leurs propres lois. Augusto nous a longtemps parlé de cet endroit…
La ville est réputée pour ses rituels mayas et catholiques, un petit mélange ! Il est déconseillé de prendre des photos sans accord car les chamulas en général n’aiment pas ça et peuvent très mal réagir. Bon et bien, un endroit comme ça, ce n’est pas courant et on a bien envie d’aller y faire un tour.
On se gare sur le parking surplombant la ville. Des enfants nous assaillent de toutes parts ainsi qu’une femme vêtue d’une longue jupe noire en poils de mouton (tenue typique des femmes chamulas). Ils vendent tous des bracelets faits main. Nous n’avons pas de monnaie pour l’instant, les enfants repartent alors aussitôt attirés par l’arrivée d’autres touristes mais pas Maria…
Maria, c’est la dame à la longue jupe noire. Elle reste à nos côtés, pourtant elle a bien compris que nous ne pouvons pas lui acheter de bracelets maintenant, nous n’avons pas de monnaie et elle non plus. On discute un peu ; Maria connait quelques mots de français qu’elle a appris au contact des touristes ! On lui promet de lui acheter quelques bracelets à notre retour de la ville…
Nous voilà partis à l’assaut de nouvelles découvertes. Nous franchissons le porche de la ville et descendons la longue et unique route, dans laquelle se succèdent des boutiques d’artisanat, pour accéder au centre.
On arrive sur la place de l’église. Une église d’apparence ordinaire semblable à celles vues précédemment au Mexique. Pourtant ici, le dernier prêtre catholique a quitté le village en 1867. Pour pénétrer à l’intérieur, il faut s’acquitter d’un droit d’entrée. Nous recevons des recommandations de la part des hommes chamulas (interdiction de filmer et de prendre des photos à l’intérieur) puis nous pénétrons dans ses entrailles. La visite se fait sans Oneylia, encore malade et Thomas qui rentre avec elle au camping car.
Plusieurs hommes chamulas sont présents, dispersés à l’intérieur, ils surveillent que chacun respecte bien les règles. Ils ne plaisantent pas avec ça ; il parait que certains se sont vus confisquer leur appareil photos et affligés d’une grosse amende (histoires qu’on nous a raconté).
Nous n’avons donc, comme vous l’aurez compris, aucune photo, aucun souvenir concret mais nous allons essayé de vous partager cette expérience avec le plus de détails possibles…
Sitôt le porche de l’église franchi, nous entrons dans un autre univers. Nous restons immobiles quelques instants à regarder, un peu hébétées puis nous avançons en tâtonnant le sol.
Le sol est recouvert d’épines de pins (symbole de la montagne), de grandes étoles en tissu sont suspendues au plafond et viennent s’accrocher sur les parois de l’église comme un « V » à l’envers. Tous les saints catholiques sont exposés dans des vitrines posées sur des tables devant chaque mur, à droite et à gauche. Il n’y a aucune lumière extérieure qui pénètre, seules des centaines de bougies disposées un peu partout, devant les saints ou à même le sol dans l’allée principale (la seule d’ailleurs) diffusent une lumière tamisée. Il n’y a aucun banc. Plusieurs groupes de personnes plus ou moins importants sont assis ou agenouillés sur le sol un peu partout dans l’église face aux Saints ou au christ trônant au fond de l’édifice .
On s’attarde, on regarde, on observe, on essaie de comprendre ce que chacun fait et on analyse pour savoir où aller sans trop gêner.
Chaque petit groupe est en fait en présence d’un chaman. Les personnes viennent le rencontrer (en échange d’argent) pour des soucis de santé ou d’autres problèmes variés dans l’espoir d’une guérison, d’un mieux être en faisant appel aux esprits.
Lors de la cérémonie, le chaman émet un son répétitif toujours sur la même intonation. Il dit des propos incompréhensibles pour nous (prières?) pendant de longues minutes tout en allumant des bougies qu’il colle sur le sol avec la cire. Il parait s’adresser au Christ ou aux Saints mais il lève aussi souvent les yeux en direction du ciel; est ce pour implorer ou parler aux esprits? Il semble être dans un état second. Le chaman prend ensuite une poule apportée par la personne et la tient par la tête et les pattes. La poule ainsi étirée de tout son long est passée plusieurs fois de suite au dessus des bougies en faisant des cercles. Pendant ce temps, il continue à réciter la même chose puis d’un coup, il tire sur le cou de la poule et crack ! Elle est morte, sacrifiée pour guérir. Plus de poule… ou plutôt une poule à la tête qui pend maintenant!
Une fois sacrifiée, le chaman la passe en direction de différents endroits du corps de la personne à soigner et la remet ensuite dans son « mode de transport » (carton, sac en plastique, panier…). Le chaman remplit des verres avec du soda pour chaque personne du groupe, il en crache quelques gorgées sur les bougies pour chasser les mauvais esprits puis chacun boit son verre. Auparavant, lors de ces cérémonies, ils utilisaient de l’eau de vie à base de canne à sucre mais le soda est arrivé, il l’a détrôné et a remporté la palme d’or. Il est moins onéreux et fait roter plus vite donc chasse plus rapidement les mauvais esprits, les mauvaises ondes.
L’ambiance intérieure est assez particulière, entre ces incantations lancinantes, le bruit des poules, la lumière tamisée des bougies, la fumée qu’elles dégagent, le sol végétal… Lorsque nous ressortons Elony, Yoline et moi sommes comme « envoûtées », ressentant une sensation de lourdeur et de fatigue. On avance comme des « zombies » .
Nous ne regrettons pas du tout d’avoir assisté à ces cérémonies si particulières, uniques…
Nous faisons ensuite notre petit tour en ville, le temps de retrouver nos esprits.
Pour une fois, nous ne nous attardons pas dans le marché alimentaire car nous sommes accueillies par des étales vendant des dizaines de poules la tête pendante. La première réaction des filles : « ce sont les poules des cérémonies ?! ». Bref, après ce que nous venons de vivre émotionnellement, nous préférons ressortir et privilégions le marché artisanal.
De retour au camping car, Maria est toujours là, assise devant, elle nous attend patiemment depuis plusieurs heures.
On prend le temps de discuter un long moment cette fois-ci et on lui achète comme promis des bracelets, plusieurs bracelets. C’est sa mère qui lui a appris à les faire il y a de nombreuses années.
Maria m’a beaucoup touchée par sa personnalité, sa simplicité, sa douceur et sa gentillesse. Elle a bien voulu qu’on immortalise notre rencontre et a accepté qu’on se prenne en photo. Mais sans regarder l’objectif, Maria ne regarde jamais dans les yeux. Est-ce par gène, par culture?
Elle m’a offert plusieurs bracelets en souvenir (« regalos para ti »), pour ne pas que j’oublie… Comment oublier ? 🙂
On rejoint en soirée un lac pour passer la nuit au calme
Passage au Hogar Infantil
Après plusieurs jours du côté de San Cristobal, on rejoint Ocozocoautla, une ville sans intérêt mais nous avons repéré un foyer/orphelinat dans lequel on pourrait peut être donner un coup de main. L’expérience nous tente. Si on peut se rendre utile et si cela permet aux filles de rencontrer, partager des moments avec des enfants mexicains. On fonce sans hésitation!
Pas de chance, lorsque nous arrivons la majorité des enfants est partie en vacances ; seulement 10 sont présents sur le site et il y a le même nombre voir même plus de personnel sur place. Habituellement il y a 75 enfants âgés de 3 à 18 ans plus ou moins.
On fait connaissance particulièrement avec un des éducateurs. Il nous fait découvrir le site avec ses nombreux animaux (canards, poules, moutons, cochons, chèvres…), destinés à la vente aux particuliers, à leur alimentation… Il nous apprend la vie et la culture de certaines plantes et arbres. Il y a beaucoup d’arbres fruitiers sur le site. Il nous partage la passion de son métier et sa vision de l’accompagnement éducatif axé sur l’approche et le « prendre » soin des animaux, de la nature, ce qui nous entoure… « Les enfants sont les adultes du futur! »; un vrai passionné !
L’institution vit essentiellement grâce aux donations privées (majoritairement américaines). Je glisse ses coordonnées si ça vous intrigue et/ou si vous voulez donner un petit coup de pouce à ses enfants. Ils viennent tous d’horizons différents (orphelins ou issus d’une famille pauvre ou encore ayant subit des sévices…). Ils essaient de se construire ou de se reconstruire dans cette institution. Vous trouverez plus d’explications sur leur site.
A défaut de pouvoir donner un coup de main, nous leurs offrons des vêtements des filles devenus trop petits, des chaussures, un siège/réhausseur de voiture (même si la sécurité routière au Mexique est très différente de chez nous 😉 il pourra toujours servir pour surélever un enfant à table). Ce n’est pas grand-chose mais…
Nous reprenons la route dès le lendemain, il n’y a aucune utilité pour qu’on reste davantage ou alors il faudrait attendre deux jours, le retour des enfants. Mais il n’y a pas grand chose à faire en attendant… On continue vers Oaxaca.
3 réflexions au sujet de « Notre retour au Mexique par le Chiapas »
Également
Je suis admirative de votre periple
Bises Nicole
Coucou les Zamis, merci pour vos récits et le partage de vos aventures et de vos rencontres.
Big kiss de nous 4 😘😘😘😘
Toujours un régal de lire votre périple. On a vraiment l impression d être avec vous.😍😘